Alors que les augmentations de salaire doivent entrer en vigueur lundi dans les cafés Starbucks aux États-Unis, les organisateurs syndicaux demandent au géant du café d’étendre ces avantages aux magasins syndiqués sans passer par le processus de négociation.
Cette demande intervient après que Starbucks a annoncé en mai qu’il augmenterait les salaires des travailleurs et ajouterait d’autres avantages tels que le pourboire par carte de crédit d’ici la fin de l’année. Mais la chaîne de cafés basée à Seattle a déclaré qu’elle n’offrirait pas ces avantages améliorés aux travailleurs des magasins syndiqués parce qu’elle doit passer par la négociation pour effectuer de tels changements.
Dans une lettre adressée au PDG de Starbucks, Howard Schultz, obtenue par CNBC, Workers United a déclaré que l’entreprise peut légalement offrir des avantages aux employés des magasins syndiqués sans négociation, à condition que le syndicat soit d’accord. La lettre mentionne d’autres avantages offerts par l’entreprise au cours des derniers mois, notamment l’accélération de l’accumulation des congés de maladie et le remboursement des frais de déplacement pour les employés qui souhaitent se faire avorter ou recevoir des soins pour réaffirmer leur identité sexuelle.
« Workers United refuse de rester les bras croisés alors que Starbucks promet cyniquement de nouveaux avantages uniquement aux travailleurs non syndiqués et les refuse à nos membres », peut-on lire dans la lettre que Lynne Fox, présidente de Workers United, a adressée à Schultz le mois dernier.
La lettre précise que le syndicat ne renonce à aucune autre obligation de négociation qui incombe à Starbucks en vertu de la loi fédérale.
Selon le National Labor Relations Board, environ 200 magasins Starbucks se sont syndiqués jusqu’à présent, tandis que 40 ont voté pour ne pas se syndiquer. Starbucks compte environ 9 000 établissements aux États-Unis.
Lorsqu’elle a été contactée au sujet de la demande du syndicat, Starbucks a indiqué une fiche d’information sur son site Web qui stipule que « la loi est claire : une fois qu’un magasin se syndique, aucune modification des avantages n’est autorisée sans une négociation collective de bonne foi. »
Les travailleurs ont accès aux avantages de Starbucks
Le site de l’entreprise indique que les travailleurs ont accès aux avantages de Starbucks qui étaient en place au moment du dépôt de la pétition syndicale, mais que toute modification ultérieure des salaires, des avantages et des conditions de travail doit faire l’objet de négociations.
Selon les avocats spécialisés dans le droit du travail, l’affaire pourrait être portée devant un juge administratif du National Labor Relations Board.
« Une fois qu’un syndicat a été accrédité, un employeur est obligé de négocier avec ce syndicat avant de modifier les conditions d’emploi », a déclaré Stephen Holroyd, avocat chez Jennings Sigmond, qui a représenté des syndicats et travaillé pour le NLRB.
Mais il a ajouté que le fait que le syndicat donne son feu vert aux avantages sans négocier change la situation et qu’il pourrait faire valoir que Starbucks retient les avantages en raison de sa campagne de syndicalisation.
Daniel Sobol, un avocat du cabinet Stevens & Lee qui a représenté des entreprises dans des affaires de syndicalisation, a déclaré que le NLRB et les tribunaux fédéraux n’étaient pas d’accord sur cette question.
« Si [les améliorations des avantages sociaux] sont faites uniquement pour empêcher la syndicalisation, cela pourrait être un problème », a-t-il déclaré. Mais comme les employeurs ajustent les salaires dans un environnement inflationniste, il a déclaré que Starbucks pourrait ne pas être obligé d’accorder les augmentations aux employés syndiqués.
Gabe Frumkin, un avocat de Starbucks Workers United, a déclaré qu’il est clair que les avantages sont offerts en réponse à la campagne syndicale. Il a ajouté que Workers United a déposé deux plaintes liées aux annonces de Starbucks concernant les salaires et les avantages pour les magasins non syndiqués et qu’il envisage d’autres options.
Catherine Creighton, directrice de l’école des relations industrielles et du travail de l’université Cornell à Buffalo, dans l’État de New York, a déclaré que la loi exigeait que les entreprises notifient au syndicat un nouvel avantage et lui donnent la possibilité de négocier à son sujet. Mais elle a ajouté que « si le syndicat dit qu’il n’a pas d’objection, alors l’employeur peut absolument lui accorder cet avantage ».
Les augmentations salariales qui entrent en vigueur
Les augmentations salariales qui entrent en vigueur cette semaine comprennent une augmentation d’au moins 5 %, ou une augmentation de 5 % au-dessus du taux du marché, selon le montant le plus élevé, pour les employés ayant au moins deux ans d’expérience. Les employés ayant plus de cinq ans d’expérience bénéficient d’une augmentation d’au moins 7 %, ou d’un passage à 10 % au-dessus du taux du marché, selon le montant le plus élevé. Ces augmentations s’ajoutent à une hausse annoncée précédemment, qui entrera en vigueur ce mois-ci et portera les salaires à un plancher de 15 dollars de l’heure à l’échelle nationale. Cette augmentation est offerte aux magasins qui n’ont pas commencé à s’organiser avant son annonce.
Starbucks a déclaré qu’elle prévoyait de consacrer un milliard de dollars à des augmentations de salaires, à l’amélioration de la formation et à l’innovation dans les magasins au cours de l’exercice 2022. Lorsque Schultz a repris son rôle de PDG pour la troisième fois, il a suspendu le programme de rachat d’actions de l’entreprise pour investir dans les travailleurs et les magasins.
